Coucou toi, tu es tombé(e) sur mon blog, je vais donc partager avec toi mon avis sur mes lectures. Tu y découvriras mes coups de cœur ainsi que mes vidéos YouTube & TikTok. J'espère que tu passeras un bon moment et que tu me donneras ton avis. Bonne lecture à toi ♡ Ophélie

samedi 10 décembre 2022

Griffe en Silence - Arnaud Pirodon


 

Emma est une félichatte au pelage roux, qui vit à Adamantine. Cela fait d'elle une ouvrière. Tant mieux, car elle est très habile de ses pattes.
Emma travaille pour l'atelier de son père, un lapidaire réputé. Elle taille les cristaux mieux que personne. Un vrai petit génie.
Emma est muette. Ses babines sont scellées. Elle a toujours été comme ça. Ce n'est pas si grave, car elle a appris à rester à l'écart... Pour ne pas gêner les autres, et parce qu'Emma est terriblement timide.
Tout n'est pas parfait, mais Emma se contente de ce qu'elle a... Pour l'instant. Car hélas, le destin est toujours en mouvement. Et il suffit d'une chanson - une seule - pour bouleverser le cours d'une vie.


Je tiens à préciser que mon avis reste objectif, comme toujours. Il s'agit certes d'un envoi de l'auteur, mais j'ai pour principe de rester objective et impartiale, par respect pour moi-même et pour l'auteur. Un grand merci tout particulier à Arnaud Pirodon pour cet envoi. Maintenant que tout cela est précisé, passons à la critique :)

«Griffe en silence» (2016) est le premier opus d’une trilogie, «La Légende de la Geste Parfaite», qui m’a été offert par son auteur Arnaud A.L. Pirodon pour que je puisse en faire une chronique objective, toujours selon mes principes. S’agissant d’un livre écrit par un indépendant, je dois signaler que je serai naturellement un peu plus indulgente par rapport aux sorties des maisons d’édition, et cela m’apparaît tout à fait normal, car ce ne sont pas les mêmes moyens financiers qui sont déployés, notamment en ce qui concerne les couvertures et les corrections. Cela dit, nous pouvons y aller!

J’ai pour habitude de commencer à donner mon avis sur le contenant, l’objet, ce qui est pour moi quelque chose d’extrêmement important, et où il ne faut pas hésiter (selon moi) à y passer beaucoup de temps et d’investissement. La couverture est ici très sobre, un peu trop à mon goût, et n’est pas particulièrement attrayante, bien qu’elle fasse convenablement son boulot de présentation. On y voit un visage de chat (très certainement la félichatte Emma) de profil, à côté d’une clé de Sol qui nous oriente très clairement vers une histoire axée autour de la musique, des notes et de la partition. L’illustration est, si j’ai bien compris, de la main même de l’auteur, ce qui a le mérite d’être signalé. Malgré tout, rien d’extraordinaire, rien de palpitant : un ensemble sobre et passable. Dommage, mais je ne tiens pas à en tenir rigueur. Poursuivons.

Si ce n’est pas sur l’objet que l’auteur veut impressionner, alors cela doit être sur l’écriture et l’histoire, sur le contenu en lui-même. Non? Après lecture, je pense en effet qu’il s’agit du gros point fort de ce livre : l’écriture y est sobre mais efficace, les phrases y sont courtes mais claires, les quinze chapitres (ou plutôt strophes) y sont concis mais remarquablement bien dosés, et tout cela rend la lecture particulièrement confortable, sans lourdeurs. L’histoire, elle, est plutôt intéressante, bien qu’un peu molle à mon goût (ce qui, je l’espère, sera rattrapé dans le second opus!), avec des personnages que j’ai bien aimés comme Noë et Théoctave, mais surtout ce Yahm no Vyderis, frère aîné d’Emma, qui est incontestablement l’élément le plus stimulant de ce premier opus. Que l’auteur sache qu’il tient là un personnage de premier ordre (et je dis cela volontairement sans avoir lu la suite)! Par contre, je dois avouer avoir été un peu déçue par l’héroïne, Emma, qui est le stéréotype agaçant du héros peureux, faible et introverti qui se retrouve à devoir sortir de sa zone de confort pour s’épanouir. Étant de plus muette, nous ne pouvons que lire dans ses pensées à travers la narration, et l’auteur s’en donne là-dessus à cœur joie, limitant naturellement les dialogues pour plus d’explications dans ce qui se passe dans sa tête! De plus, cela limite fortement les interactions avec les autres personnages ce qui, à la longue, a eu tendance à m’exaspérer quelque peu. À noter cependant l’excellente idée d’avoir fait en sorte que son frère comprenne naturellement ses pensées, par instinct ou par fraternité, ce qui est très astucieux pour dynamiser le récit. Alors, étrangement, j’ai eu pour Emma tout autant d’empathie que d’agacement, et on sent bien qu’il s’agit d’un antihéros pur jus, c’est-à-dire sans grand courage, jamais bien dans sa peau et toujours aussi peu en confiance, qui ne contrôle jamais ce qui lui arrive. Bref, je n’ai pas réussi à accrocher sur elle malgré tous mes efforts, et j’en suis venue à me demander si cela n’était pas voulu par l’auteur, tant ce dernier insiste sur ses faiblesses et ses doutes. Paradoxalement, j’ai adoré le rôle de son frère, Yahm, ainsi que cette troupe de musiciens à la recherche de la Geste Parfaite, qui rajoutent pas mal de couleurs au récit. J’ai également beaucoup aimé tous ces petits préceptes disséminés un peu partout, qui ont réussi à me faire pas mal réfléchir. Quelques exemples? Mais bien sûr! Je vous en ai sélectionné quatre : 

«Hors de question de laisser le monde sombrer dans la cupidité, l’égoïsme et la décadence. Noë ne se satisfera pas d’une existence docile et insignifiante. Quelque chose doit changer. Quelqu’un doit éveiller les consciences. Et s’il n’y parvient pas lui-même, il nourrira cet élan aussi longtemps que son cœur battra.»

«Son secret, c’est de ne désirer que ce qu’il sait pouvoir obtenir»

«On ne change pas le monde si l’on se contente de le ravir.»

«On peut bien s’offusquer de la différence des classes, des privilèges des uns ou des autres, de la chance de certains et de l’infortune du reste, rien ne bouge. Adamantine et son prétendu progrès ne recherche pas la nouveauté. Les problèmes et les solutions ne l’intéressent pas. Elle ne cherche qu’à prolonger l’état dans lequel elle se trouve.»

Cela rajoute un peu de philosophie dans le récit, dans un monde imaginaire aussi vicié et injuste que le nôtre, où les riches contrôlent les pauvres et où tout le monde souhaite s’élever en écrasant les autres, peu importe les moyens à employer (il y a tant d’analogies sociales entre notre monde et la cité d’Adamantine…). Je ne sais pas si cela a été voulu par l’auteur, mais on dirait qu’il a écrit son histoire en voulant faire passer des messages, peut-être même une critique sociale. Voilà quelque chose qui me faudrait lui demander.

Par contre, et cela sera mon dernier point un peu décevant : j’ai trouvé l’ensemble de l’histoire un peu mou, comme si l’auteur en gardait volontairement sous le pied pour le second opus; ainsi, ce premier livre est clairement là pour poser les bases de l’histoire et, mis à part sur une ou deux situations un peu plus dynamiques, cela ronronne un peu trop à mon goût (vous avez deviné le jeu de mots ?). Ce n’est pas une critique en soi, juste une sensation qui m’a traversé tout le long de la lecture.

Pour conclure, j’aurai tendance à trouver ce premier opus un peu quelconque, tant sur la forme que sur le fond, mais il y a malgré tout des choses vraiment intéressantes qui méritent d’être creusées et exploitées dans la suite de l’aventure. Je pense notamment à ce Yahm no Vyderis que j’ai adoré, mais aussi à l’évolution de l’héroïne, qui va sûrement prendre du poil de la bête au fil des opus (vous avez remarqué mon deuxième jeu de mots?) pour enlever cette image agaçante qu’elle m’a laissée. Je pense également à ce fil conducteur qui va très certainement donner de plus en plus d’importance à cette troupe de musiciens et à leur quête. Enfin, nous allons sûrement en apprendre un peu plus sur ce Arashigoto, le tortuge plus mystérieux qu’il n’y paraît, qui pourrait jouer un rôle un peu plus important que prévu. Et cette Geste Parfaite, vont-ils finalement la trouver? Quel est son réel pouvoir, au juste? Tant de questions qui ne demandent qu’à obtenir réponse dans le deuxième opus intitulé De la Brume aux Abois, et que ce premier tome a réussi à me donner envie de lire malgré les quelques critiques que j’ai pu exposer. J’imagine que cela veut dire que le pari est plutôt réussi.

·         Une bonne écriture, sobre mais efficace, avec une histoire et un fil conducteur qui tiennent la route.

·         Assez court (en-dessous de 200 pages) et très bien proportionné, avec des chapitres concis.

·         Yahm no Vyderis!

 

·         La couverture, pas assez travaillée à mon goût, et dont l’univers proposé mériterait mieux.

·         Le manque de rythme et de dynamisme dans l’ensemble, s’agissant d’un opus qui pose clairement les bases. On vient par moment à s’ennuyer et à décrocher.

·         Les longs moments à lire les états d’âme de l’héroïne Emma face à tout ce qui lui arrive. Mais cela, je pense que ça vient de moi et de mon aversion naturelle pour les héroïnes «boulets».



1 commentaire:

  1. Merci pour votre lecture et votre retour ! Quant à la question que vous posez au sujet du parallèle entre notre monde et celui du livre, je crois que la suite y répondra de façon éloquente ;)

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