Poursuivons. Les premiers chapitres achevés, deux choses me surprennent : la première, c’est cette écriture assez incroyable, fluide et sans fioritures, qui m’a immédiatement charmée. Mêlée à cette police d’écriture assez grosse et cette mise en page aérée, c’est un véritable plaisir de lire ! La deuxième, c’est une sensation un peu plus étrange et contrastée avec ces aventures croisées, qui racontent finalement deux histoires qui se complètent malgré l’intervalle de temps très différent, à savoir La Malédiction d’Anojean et La Saga de Cobert le Multiple. J’ai déjà lu des ouvrages utilisant le même procédé, et j’ai personnellement eu vraiment du mal à adhérer, sans cesse stoppée et déconcentrée dans mon aventure pour revenir à l’autre, et ainsi de suite. Autant vous dire que mon appréhension ne fit que grandir au fil des chapitres... heureusement, on s’habitue rapidement et finalement, les aventures parallèles se complètent astucieusement bien pour faire avancer un fil directeur particulièrement bien ficelé. Ouf !
Essayons de résumer rapidement l’histoire, sans vous en dire trop. Nous suivons tout d’abord celui par qui tout commence, Anojean, qui va faire forger une épée magique pour se débarrasser de l’Ordre de la Divine-Loy, puis la transmettre à un certain Lavié de la maison de Frénon. Cette épée va traverser les générations Frénon (Lavié, Ewelgyne, Colombian, Floresange, Arlotte) jusqu’à arriver entre les mains de Cobert, qui est notre héros principal. Va s’en suivre une aventure faite de vengeance, d’hallucinations, d’amour et de combats, toujours en continuation du projet initialement manigancé par Anojean, à savoir celui de détruire l’Ordre de la Divine-Loy, une bonne fois pour toutes ! Je ne peux vous en dire plus, hélas, sous peine de vous en dire trop, mais vous avez là les grandes lignes.
La dernière page achevée et l’ouvrage refermé, me voilà à la fois enthousiasmée et un peu frustrée. Tout d’abord enthousiasmée par cette qualité d’écriture qui ne faiblit pas (j’ai notamment apprécié cette capacité à trouver constamment les bons mots pour décrire un lieu ou une action, sans jamais en faire trop) et ce fil directeur bien mené tout le long de l’ouvrage ; par quelques personnages vraiment intéressants comme Cobert ou encore Lavié qui donnent vraiment une plus-value à l’histoire ; enfin, par cet esprit purement heroic-fantasy, comme je l’aime, avec de la magie, de l’héroïsme, de la malédiction, des combats et... une épée magique ! Cet enthousiasme a côtoyé une légère frustration, à savoir celle de voir un potentiel non négligeable quelque peu dilué par une histoire globalement un peu faiblarde à mon goût, pour un roman fantasy/public adulte. Cela est pour moi son seul défaut notable :finalement, hormis quelques scènes peu adaptées au jeune public, tout dans ce livre (de la couverture à l’histoire) ramène vers un roman plus typé jeunesse. Et puis quelle déception de lire « Si au moins j’avais Fend-l’Air avec moi... » et de constater que l’épée, qui est la clé de voûte de toute histoire, ne sert même pas dans les dernières scènes de combat ! Je n’avais encore jamais lu cela dans un récit fantasy : le héros qui combat sans son épée magique, qu’il a laissé chez lui parce qu’il ne pouvait pas l’emmener !
Pour conclure, il est assez évident que le bon (voir le très bon) prime sur le moins bien, faisant de cette lecture une histoire fantasy vraiment plaisante, sans tomber dans l’extraordinaire ou le jubilatoire. Sans que cela soit un défaut en soi, j’ai trouvé l’ensemble vraiment typé jeunesse, et je pense même qu’il aurait gagné à rentrer dans cette catégorie (cela reste bien entendu un modeste avis). Mais s’agissant du premier roman de Thomas Marissal, je ne suis nullement inquiète, bien au contraire : après ce premier essai globalement réussi, si son écriture incroyable arrive à se mettre au service d’une histoire tout aussi incroyable, alors tomberons-nous à coup sûr face à une véritable pépite. Il me tarde donc de suivre cet auteur de très près. En tout cas, bravo à lui pour ce premier essai et encore merci à lui pour l’envoi et sa dédicace !
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